Aller au contenu

Page:NRF 8.djvu/693

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHRONIQUE DE CAERDAL 687

ces œuvres orantes tend à l'offrande et à l'éléva- tion sur les mystères de la charité.

Il est donc juste de ne point s'interdire la méditation, où la musique de Beethoven paraît naturellement nous conduire. Sans prétendre à retrouver exactement la pensée du Solitaire, qui sans doute était aussi forte dans le sens général que peu précise en ses termes, on peut rejoindre en lui le sentiment qui l'animait, et son émotion même : ainsi, on la partage.

La musique est du sentiment qui pense. Le cœur est le cerveau de l'émotion. Toute grande œuvre d'art est pensée dans le cœur, plus ou moins, avant d'être fixée par l'esprit ; et il faut qu'on le sente.

Comprendre la musique en musicien, ce don si rare que peu de musiciens l'ont eux-mêmes, ne suffit pourtant pas avec Beethoven. Dans l'œuvre, l'homme veut sa part. L'émotion de l'homme a suscité sa musique, et elle y persiste. Elle enferme cette grande âme en ses plus beaux moments, comme un coffret de magie, où certain parfum aurait la vertu d'évoquer à jamais tout un climat, et tous les paysages d'un héros en passion.

L'œuvre, sans doute, exprime toujours l'artiste. Mais tantôt elle le mire, tantôt elle le farde et le dissimule ; parfois elle le transfigure, et parfois elle le trahit. Quand elle est le miroir fidèle du musicien, quel n'est pas trop souvent l'ennui de

�� �