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Page:NRF 8.djvu/701

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LES POEMES 695

littérature. C'est que, déjà, même le public indifférent finit par se lasser d'un théâtre qui n'est plus qu'un lieu d'excitation et de livres où l'on vous serine à chaque ligne ou à chaque vers une variation sur le vice.

" Ce colossal ennui provoqué chez les débauchés mêmes par ces insipides turpitudes, c'est le commencement de l'état de grâce littéraire. "

��Vous avez lu. Oh ! ne plaisantons pas : ceci est grave. Il va donc suffire de croire, de s'assurer par sa croyance la collabora- tion de la divinité pour créer immanquablement un chef- d'œuvre. Et réciproquement, en dehors de l'orthodoxie, en vain nous nous efforcerons. Voilà qui dépasse de beaucoup l'Index, lequel ne prétend prononcer que sur la valeur morale d'un livre ; sur sa valeur esthétique nullement... — J'imagine qu'il Y aura bien quelques catholiques de pure race, de foi solide, de pratique assidue pour regimber comme nous là-devant et remettre chaque chose en place. Ne confondons pas les pro- blèmes. — On ne nous fera pas dire ce que nous ne disons pas : la foi n'est pas en jeu ici, ni le libre examen en matière religieuse — mais seulement en matière d'art. A moins de tenir pour des prophéties les derniers vers de Francis Jammes — et Jammes n'ira pas jusqu'à nous l'imposer — nous sommes et restons avec les Géorgiques Chrétiennes sur le terrain de la littéra- ture ; nous n'avons pas à le quitter. Si conforme que soit le poème à la révélation selon l'Eglise, l'auteur ne saurait arguer d'une conformité que nous nous gardons bien de mettre en doute, pour réclamer de nous un acte de foi insolite en la beauté de son ouvrage : il ressortit aux jugements humains ; nous ne pouvons pas abdiquer. — Ah ! qu'on se défie du nou- veau mot d'ordre. C'était hier " Politique d'abord " ; voici " Religion d'abord " aujourd'hui. Mais ne se rend-on pas compte

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