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LETTRES A FANNY BRAWNE 6^

fitures. Les framboises seront trop sucrées sans un acide ; aussi, comme vous êtes très gentille, je vous en ferai cadeau. Adieu.

Mon doux Amour !

��J. Keats.

��XXII

��Ma Fanny chérie,

Le pouvoir de votre bénédiction n'est pas d'une nature si fragile que je puisse, en vingt-quatre heures, échapper à son influence ; il est comme un calice sacré qui, lorsqu'il a été consacré, le demeure à jamais. Je baiserai votre nom et le mien là où se sont posées vos lèvres — vos lèvres ! Comment un pauvre prisonnier comme moi peut-il parler de ces choses ! Dieu merci ! quoique je leur doive les plus beaux plaisirs du monde, j'ai une consola- tion qui ne dépend pas d'elles, dans la certitude de votre affection. Si cela devait me soulager le moins du monde, j'écrirais une romance sur le " Souvenir " dans le style du " Pathétic " de Tom Moore. Non... Ce n'est pas ce qu'il faut. J'aurai l'obstination du rouge-gorge et ne chanterai pas tant que je serai en cage. La santé est le Paradis de mes rêves et vous en êtes la Houri — je crois que le mot s'emploie indifféremment au singulier

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