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��LES ROMANS

��Marie de Sainte-Heureuse, par Henry Bidtm. *

Marie de Sainte-Heureuse est un livre net, élégant, subtil, qui suppose chez son auteur beaucoup de goût et de culture, un exquis sentiment de l'art et une réelle aptitude à former des idées. M. Bidou a le don des formules qui dessinent plus qu'elles ne peignent, qui cernent d'un trait ferme et sûr beaucoup plus qu'elles n'évoquent et ne suggèrent. Sa phrase, d'une grâce parée, aux rhythmes légers et fins qui vaporisent en quelque sorte l'idée et l'image, dénonce les articulations logiques au lieu de les rejeter. On conçoit qu'un écrivain ainsi doué fera plus de place à l'analyse qu'à l'observation et à l'invention. Et, de fait, Marie de Sainte-Heureuse est un roman analytique, une stendhalisade, a dit M. Faguet. Mais, plus que Stendhal qui a une tout autre vocation de romancier, une tout autre puissance à créer des personnages et à imaginer des événements, j'évoque- rais, parlant de M. Bidou, Benjamin Constant.

Le sujet de Marie de Sainte-Heureuse, c'est d'ailleurs celui à! Adolphe ou, si l'on veut, de V Ordination de M. Julien Benda. C'est l'histoire d'un amour qui se meurt. Mais l'originalité de M. Bidou est d'avoir placé cette agonie avant la " possession ", d'avoir marqué un terme à cet amour avant qu'il ait abouti à ses fins naturelles, bref d'avoir désuni les âmes au moment où les corps s'unissent. " Subissant la loi uniforme de la nature, égarés, parcourus de frissons, buvant l'angoisse avec les baisers, René Auberive et Marie de Sainte-Heureuse " s'aimèrenty ne

' Calmann-Lévy.

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