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Page:NRF 8.djvu/777

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l'épreuve de FLORENCE 769

au pittoresque qu'à l'humain ; qu'il ne possède pas et de bien loin la pureté de Fra Angelico son maître, ni le poids de Masaccio, et enfin que D... devrait prendre garde,que l'art toscan, à son époque la plus mâle, n'édifie rien sur des "prétextes". Et quand cela serait — ce qui reste à prouver — que lui importe !... Une seule chose compte à cette minute : sa rencontre éblouie et ce premier baiser aux yeux, d'un art qu'il ne soupçonnait ni si frais ni si vivant, ni si splendide — même à s'en tenir au décor. — Au fait, il est peut-être préférable que ce soit par les sens d'abord qu'il soit pris, et pris en traître.

Des gens vont, des gens viennent, des gens s'arrêtent, sur un fond de ciel ou de roches, de jardins ou de monuments. Est-ce Babel ? est-ce Pise . est-ce Florence . Est-ce hier, aujourd'hui, demain } Entrons, oui, perdons-nous dans cette foule avenante et facile, dans l'activité mesurée d'une vie que ralentit le bonheur. Nous n'y serons point remarqués, car rien n'y tire à conséquence. Vous goûterez ici, ami, une ivresse peu différente de celle que soufflaient vers vous le buisson blanc et le rosier, quand vous vous penchiez sur le cloître d'herbe — sauf, n'est-ce pas, que l'herbe peinte est plus verte encore que l'autre, d'un vert plus suret et plus impossible, plus proche du premier printemps ; sauf que cet arbre peint grince à vos yeux, comme ne ferait pas entre vos dents

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