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Page:NRF 8.djvu/804

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79^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

flancs comme des monstres marins, avec les anges dans la mâture comme des matelots.

Peu à peu, mais invinciblement, le monde visible, parce qu'il faut que je le comprenne me conduit et m'initie à l'invisible.

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Mais qu'elle vînt à me manquer, je pourrais me passer de cette introduction. Le surnaturel, je ne le trouve pas seulement au bout de mes raisonne- ments et comme leur conclusion ; mais je le vois, il est évident pour moi ; mon regard peu à peu s'est acclimaté à son obscure lumière ; je suis des yeux ses événements secrets.

Eh ! quoi, parce qu'il fait très clair ici-bas et que le monde est à peu près complètement exploré, vais-je me rendre aveugle à tout ce qu'on ne voit pas, à tout ce qu'on ne verra jamais ? Il est des gens qui ne perçoivent que par leurs sens. Ils vont et viennent, enfermés dans cette petite cage de leurs sensations ; ils ne comprennent pas où ils sont ; les merveilles où ils baignent, ne les touchent pas. Leur esprit est scellé comme par une malédic- tion. Ils se lèvent, et ne savent pas ce que c'est que le matin ; ils sortent, et ne savent pas ce que c'est que l'univers ; ils n'entendent pas voler tout près d'eux et se croiser en l'air les innombrables prodiges.

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