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842 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

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��Ce serait à la lisière d'une forêt de l'Ile-de-France. Au dessus d'un petit village, ma maison, vieille, lourde et sans style, dresserait la grise ardoise de sa tourelle et de son toit aigu vers le ciel, souvent gris lui-même. Assez loin du bourg pour goûter une profonde solitude, — mais sans le perdre de vue pour ne pas oublier que le monde ne finit point à ma porte, — je vivrais entre un jardinier du genre ivrogne et sa cuisinière de femme, indulgente et grondeuse.

Il y aurait des roses près de la maison, des lys frêles, des œillets, des fleurs de mille sortes qui ne quitte- raient leurs tiges que fanées. De gros chiens, des fox acrobates, des chats fainéants joueraient à mes pieds ou, — qui m'aime me suive, — m'accompagneraient dans les longues courses que je ferais, en blouse blanche et gros souliers, par les chemins coupés dans le blé ou par les laies vertes et bruissantes.

J'aurais, dans une salle très vaste, mes livres en désor- dre, des tableaux de quatre sous où quelque couleur m'aurait plu ; le piano sévère ; le clavecin vieillot ; tout au fond, les fuseaux du grand orgue ; et la grande table, près de la fenêtre, près de la large baie d'où l'on voit la neige, la pluie, l'arbre que le vent incline, l'épervier planant, et le dos voûté du jardinier qui sacre en tuant les limaces.

L'instituteur ne viendrait pas chez moi ; le curé non plus. Dans le pays, certains me nommeraient " le Fou ", d'autres " le Parisien ". Je serais mal avec le sabotier qui

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