Page:NRF 8.djvu/882

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

874 l'A NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Corneille n'y ferait pas tant d'efforts, s'il ne s'agissait pas de vaincre.

��Au dire du P. Mersenne, vers 1630, il y avait cinquante mille athées dans Paris. L'ardeur des amours, la violence des intrigues, le caprice des opinions, l'audace en toutes choses n'ont pas sou- vent été plus loin. Dans la bonne société, qui commençait d'étendre le bel usage à tous ceux qui écrivent et qui pensent, une volonté de politesse et un parti pris d'élégance mettait comme un vêtement de cour à la fureur des actions et à la férocité des sentiments. On haïssait et l'on aimait, on tuait, on se battait, on se bravait, on jouait sa vie et celle d'autrui avec une ardeur qui eût paru cruelle, si elle n'avait été, tour à tour, si raffinée en beaux semblants, si courtoise et si galante. Ici enfin, l'art est ajouté à la vie.

Plume et soie, dentelles, sombres velours, orne- ments gracieux ou sévères, que si l'on en dépouille la flatteuse parure, dans les chansons de la Fronde, on trouve toutes les sortes d'excès. Une verve cynique, dans le plaisir une étonnante gaîté ; beau- coup de grossièreté dans l'invective ; d'ailleurs, infiniment moins de méchanceté dans les libertins, que dans les princes et les grands, souvent d'une méchanceté atroce ; bien moins de venin que de

�� �