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890 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la rédemption en ce qu'il aime ; et la solitude est sa chambre nuptiale.

Il ne se vante pas de ce qu'il est ; il ne se vante pas de ce qu'il doit être, ni de ses victoires sur lui même, ni de son excessive peine. Il ne se vante même pas de son chant.

Il se contente de grandir, et de s'élever toujours plus haut dans la conquête et la contemplation héroïque de son destin.

Il n'a point de gaîté ; mais il a la joie de la puissance, la très bonne qui dépouille sa nécessaire violence, dans l'usage qu'elle en fait, la dédiant à aimer.

Il ne tarit pas, en son secret entretien. Il se saisit à pleines mains. Il se prend à la gorge. Il n'est pas tenté de se châtier, ni de se donner la discipline : son amour de la beauté est la discipline même, l'ordre où il s'enferme pour ne s'y soustraire jamais.

Il n'a point d'autres remords que d'éprouver trop passionnément la souffrance qu'il accepte. Mais il sait bien que l'ascension est à ce prix.

Et toujours il espère. L'espérance est une aile de cette musique dans son vol vers le zénith. Et l'amour est l'autre.

Le rythme de la volonté invincible gouverne toute l'action, soit que l'oiseau sublime fonce sur la tempête et contre sa lassitude ; soit qu'il gémisse

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