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Page:NRF 8.djvu/938

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93° LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

çà et là, l'accent d'une confidence personnelle où se fût révélée quelque vérité plus intime, quelqu'aspiration moins sûre d'elle- même, et cette belle angoisse de l'adolescence à laquelle une génération, si bien orientée, si fermement décidée qu'elle soit, ne saurait échapper.

Il me paraît aussi qu'à cette enquête un chapitre manque, délicat entre tous à établir, mais essentiel : celui de la famille. Mieux que toute activité sociale, que toute manifestation publique, et que ses inclinations religieuses et intellectuelles, l'attitude du jeune homme moderne vis-à-vis de son milieu, à l'égard de ses ascendants, nous eût éclairé la transformation secrète du caractère, la révolution du tempérament qui sont à la base de la renaissance nationale dont Agathon s'est fait l'observateur. Toutes les idées de l'adolescent, aussi bien que ses humeurs et ses tendances, s'exercent d'abord au sein de la famille. C'est dans la famille qu'elles rencontrent leurs obstacles les plus durs ou reçoivent leurs impulsions les plus vigoureuses ; qu'elles montrent leurs réactions les plus spontanées, et font leurs preuves les plus décisives... Et précisément, dans l'espèce, les rapports des enfants aux parents pouvaient être d'autant plus significatifs, ils méritaient une étude d'autant plus aiguë que cette génération digne de grands espoirs, " qui naquit vers 1890", est sortie de celle "qui arrivait à l'âge d'homme vers 1885 ", et qui fut "une génération intermédiaire, sacrifiée". Les adolescents pleins de santé et de courage sont les fils de ces hommes affaissés et malades auxquels Agathon, triomphalement, les oppose. Quelle fut l'autorité, quelle l'influence de ces pères sur leurs fils ? On admettra difficilement qu'ils n'en aient eu aucune. Quelle éducation leur ont-ils donnée, quelles inclina- tions transmises î Leur exemple et leur contact, leur expérience et leurs soins, l'industrie de leur amour et de leur prévoyance n'ont-ils excité dans de jeunes âmes qu'indifférence, mépris, dégoût ; n'ont-ils exalté chez elles que l'ardeur à se détacher, une passion farouche d'échapper à la ressemblance ?... Ou

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