Page:NRF 8.djvu/979

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA FOI 971

point imperceptible, mais où toute leur décision vient mourir : voici qui est trop fort pour eux ; ils s'aperçoivent que vraiment leur esprit ne peut pas s'engager si loin. Et là-dessus, pour sauve- garder son indépendance, ils construisent quel- qu'une de ces doctrines intermédiaires, de ces faux mysticismes où la raison et l'imagination comiquement collaborent. O pâles inventions ! On croit aux étoiles et à la métempsycose ; on est d'abord une petite bête et l'on va finir dans un ange : doctrine pour les dames qui ont des sou- venirs. Ou bien on croit à la divinité de l'Homme, ou à celle de la Justice, ou aux mystères de la Destinée, ou à l'Inconscient. Pour les uns Dieu est quelque chose comme le Silence et pour les autres il y a des dieux un peu partout.

Je déteste ces fantaisies. Elles ont une sorte de molle possibilité qui dégoûte. Ah ! certes, rien ne s'oppose à ce qu'elles soient vraies ; rien ne s'oppose à celle-ci ; mais rien non plus à celle-là. Pour celui qui refuse de reconnaître l'empire d'un dogme, tout devient facile et maniable ; toute chose cède immédiatement à ce qu'il lui plaît d'en penser ; toute chose met une étrange promptitude dans l'obéissance aux idées qu'il s'en forme: elle est tellement docile, que c'est comme si elle n'existait pas ! Les univers et les paradis (jamais d'enfer) éclosent à son gré, dans son cerveau, comme de vagues bouffées de brouillard. Il en concevrait

�� �