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92 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ponceau partit. Deux minutes après, il arriva devant la maison des Gallois juste au moment où Juliette, son ombrelle à la main, tirait la porte sur elle. Ponceau la rouvrit, et dit en imitant Cougny :

— Hé, la coterie ! On dort encore, à quatre heures du matin ? Mais toutes les poules sont déjà dehors !

Il était là comme chez lui. Si l'on voyait souvent Juliette chez les Cougny, on voyait aussi souvent Ponceau chez les Gallois. Rien de plus naturel. M'"' Frébault disait :

— Ils sont amis comme cochons.

Gallois et sa femme se dressèrent dans leur lit en riant, les yeux encore brouillés de sommeil, Gallois très drôle avec la mèche de son bonnet de coton. François ne remua point.

— Amusez-vous bien, dit Gallois, et tâche de ne pas me perdre ma Juliette.

— Soyez tranquille ! On vous la ramènera en bon état. Dans la rue il embrassa Juliette sur les lèvres. Personne

ne pouvait les voir. Les portes, les fenêtres des maisons du quartier n'étaient pas encore ouvertes.

— Toute une journée à être ensemble, dit Juliette. Ce que je suis contente !

Plus jolie encore qu'autrefois, elle n'était plus la jeune fille aux joues roses qui riait à tout venant : elle avait pâli. Si elle riait avec Ponceau, elle ne faisait plus guère attention aux histoires que lui racontaient les autres ; le Paul avait beau jeu à se morfondre.

Elle embrassa Marcelle sur les deux joues.

— Ah ! dit Cougny, si tu avais eu un homme dans ton lit, il y a beau temps que tu serais réveillée !

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