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Page:Nadar - Charles Baudelaire intime, 1911.djvu/112

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Honfleur, 16 mai 1859.
Mon cher ami,

Puisque tu n’es pas de ceux qui se moquent des longues lettres, tu en auras pour ton argent, car j’ai deux heures de loisir devant moi.

Avant tout
[ici détails d’affaires courantes, inutiles à reproduire]

Je te remercie pour une phrase excellente et charmante de ta lettre. voilà une vraie et solide déclaration d’amitié. Je suis peu accoutumé aux tendresses. Quant aux compliments que tu me fais, ma vanité en profite pour te faire lire quelques morceaux que, sans doute, tu n’as pas lus, et qui, avec quelques autres inédits, rajeuniront, je l’espère, mon livre flétri. Tu pourras constater que j’écoute peu la critique, et que je m’enfonce opiniâtrement dans mon indécrotabilité.