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Page:Nadar - Charles Baudelaire intime, 1911.djvu/153

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Et, la dernière fois que je le vis, à la maison Duval, nous disputions de l’immortalité de l’âme. Je dis nous, parce que je lisais dans ses yeux aussi nettement, moi, que s’il eût pu parler :

« Voyons, comment peux-tu croire en Dieu ? » répétais-je.

Baudelaire s’écarta de la barre d’appui où nous étions accoudés, et me montra le ciel. Devant nous, au-dessus de nous, c’était, embrasant toute la nue, cernant d’or et de feu la silhouette puissante de l’Arc de Triomphe, la pompe splendide du soleil couchant.

— Crénom ! oh ! crénom ! protestait-il encore, me reprochait-il, indigné, à grands coups de poing vers le ciel.

Les deux seuls mots qui pussent sortir des lèvres d’où avaient jailli des plaintes immortelles ! Oh ! l’horreur de cette fin lamentable, la cruauté effroyable de Celui qui a frappé Baudelaire dans le verbe, Bau-