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Page:Nadar - Charles Baudelaire intime, 1911.djvu/55

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delà la mort, en toute occasion et sans occasion, de Banville ne cessa d’attester, de clamer son admiration enthousiaste pour le grand frère dont il se tenait comme le frère jeune, j’allais dire comme la petite sœur, et l’hommage vaut d’autant que notre Théodore portait haut, de tout droit, le sentiment de sa propre Valeur. Je crois qu’on trouverait difficilement dans l’histoire littéraire un trait plus touchant et plus suivi.

Vingt ans plus tard on s’arrêtait devant la seconde persona de Baudelaire, soit que, par Paris ou Bruxelles, il trottât menu comme jadis, soit qu’il se tînt braqué, méditatif, au coin d’un carrefour. En voyant cette tête toujours singulière s’évasant du collet de la houppelande invariablement retroussé, nez vigoureusement lobé entre ces deux yeux qu’on n’oubliait plus : deux gouttes de café, sous des sourcils retroussés, — lèvres serrées et amères, mauvaises, cheveux argentés