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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/298

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et développer dans un in-octavo tous les inconvénients et perversités du gaz, y compris le danger de notre subversion totale, par explosion, étant aux mains des malfaiteurs. Mais ça ne fait rien, et nous venons d’attester notre initiative par un premier essai dans la rue de la Paix. Chaque soir, tout Paris s’y porte, admirant.

— En attendant, on ne s’aventurerait pas, le jour une fois tombé, par les ténèbres des Champs-Elysées dont les quinconces poudreux s’arrêtent à la barrière d’octroi, laquelle s’ouvre dans le mur de ronde, juste devant l’Arc-de-Triomphe. — L’avenue Montaigne s’appelle l’Allée des Veuves : elle est occupée d’un bout à l’autre et des deux côtés par des maraîchers. — Il y a aussi des maraîchers dans trois des quatre grands trous qui défoncent isométriquement la place de la Concorde, prémunis chacun du même cordon de balustres en pierre ; le quatrième trou, devant le Garde-Meuble, est tenu par la petite ménagerie, volailles, cochons d’Inde, tourterelles, perroquets, macaques, de « la femme aux singes ». Ça ne sent pas trop bon quand d’en haut on se penche là-dessus. — L’animal, au surplus, règne par la ville : pas de boutique de fruitier ou de charbonnier devant laquelle en toute liberté ne picore la poule, ne chipote le lapin, ne sautille la pie, venant de temps à autre boire un coup à ces bornes-fontaines que l’édilité a nouvellement installées dans toutes