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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/305

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teur des rues, galamment troussé en marquis d’hier, catogan poudré, à tout jabot et manchettes au vent, jarret bien tendu sous le bas blanc, qui est vraiment sans pareil, unique, lorsqu’aprés avoir chanté son couplet et rejeté sa pochette sous le bras gauche, il décoche, avec une certitude qui ne rate jamais son coup, un décime enveloppé d’un cahier de chansons (— le « PLUS LOURD QUE L’AIR ! » —), aux fenêtres des derniers étages où les servantes se pressent, affolées. — Mais lui voici bientôt un rival, second marquis, non moins poudré à frimas, non moins pimpant, non moins virtuose, non moins impeccablement dextre en son jet : siècle de concurrence, toutes les carriéres encombrées ! — Il n’est pas à nier que « le tour » de M. Villemain a « de l’agrément », mais pour « la profondeur », c’est M. Royer-Collard ; M. de Rémusat peut encore attendre. Celui-la s’appelle « monsieur Charles », comme dans les « Rendez-vous bourgeois ».

— Cafés et débits mettent leurs volets à minuit sonnant ; rigoureusement, quoique réglementairement, à onze heures juste du soir, il n’y a plus une seule fille errante dans les rues de Paris, même aux galeries du Palais-Royal où l’affluence est telle, surtout le jour fini, qu’on n’y peut plus circuler et que la foule piétine sur place, par le brouhaha. On juge