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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/54

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quand j’étais photographe

Cet officier se nommait le comte de Wedel.

Je ne l’avais plus revu depuis le Hanovre.

Mais un jour parcourant les journaux, je tombai aux nouvelles étrangères sur son nom.

Avec chagrin je lus que le comte de Wedel venait de quitter le service de la personne du Roi et même le pays Hanovrien, immédiatement après un duel des plus malheureux ; il avait tué roide d’une balle un Duc — dont le nom se perdait pour moi dans les désinences burg, stein ou berg, usuelles aux vieilles familles des pays Allemands…

Mais enfin, de tout ce passé, nous voici donc arrivés au présent :

On vient d’annoncer la princesse de Solms. Entre sa fille et son fils qui la guident et soutiennent, les yeux clos, souriant au-devant d’elle, elle s’avance de ce pas glissant et prudent particulier aux aveugles.

Ce regard absent, c’est le même que chez le Roi son frère, frappé de cécité pareille, sans que j’aie pu connaître si cette dualité était congénitale. — Mais le Roi, lui, n’avouait pas, et on se rappelle l’innocente supercherie de la grosse jumelle dont il affectait de se servir fréquemment à notre Opéra.

Ainsi que sa sœur et comme pour identité parfaite,