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Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/80

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vois, — pardonné, innocenté, auréolé presque et mieux encore oublié, — je vois, avant tous à jamais calme dans le grand et bienfaisant pardon de la mort, — je vois le premier coupable, la cause mère, le premier facteur de ce trouble premier, de ces mensonges, de ces ruses, de ces vols, de ces angoisses, de ces rages, — le traitre au foyer, à l’amitié, à la tendresse, — le scélérat qui précipita l’épouse, la mère, tous ; — « le pauvre jeune homme » — sans lequel ces trois étres vulgaires, pas plus ni moins malsains que tant d’autres, continueraient à pousser devant eux un à un tous les jours plus ou moins difficiles de cette vie banale qui est la vie commune ; — mais, de par celui-la, unique, à jamais perdus ! Je demeure à la fois saisi d’horreur et d’infinie pitié devant ces condamnés qui vont payer pour le condamnable absous, — à jamais plongés, eux et leurs tout petits — qui n’ont pourtant rien fait — dans l’horrible et l’irréparable…

Mais LA PHOTOGRAPHIE le voulut cette fois ainsi… :

P.-S. — Au moment où j’écrivais ces lignes, le hasard me faisait rencontrer aux Baignots de Dax un jeune médecin de 1re classe de la marine, — M. le Dr Offret, — qui fut pendant quatre ans attaché au pénitentiaire de la Nouvelle-Calédonie ou fut transporté Fenayrou, sa femme étant restée en France dans une maison centrale.

— Fenayrou, me dit le Dr Offret, était d’une intelligence plus que limitée, mais surtout d’un caractère malheureux, sombre, inquiet, toujours mécontent de tout et de tous. Il