Page:Nadaud - Chansons à dire, 1895.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE SOLDAT DE MARSALA


Nous étions au nombre de mille,
Venus d’Italie et d’ailleurs :
Garibaldi, dans la Sicile
Nous conduisait en tirailleurs.
J’étais un jour seul dans la plaine,
Quand je trouve en face de moi,
Un soldat de vingt ans à peine,
Qui portait les couleurs du roi.
Je vois son fusil se rabattre ;
C’était son droit ; j’arme le mien ;
Il fait quatre pas, j’en fais quatre :
Il vise mal, je vise bien…

Ah ! que maudite soit la guerre
Qui fait faire de ces coups-là !
Qu’on verse dans mon verre
Le vin de Marsala !

Il fit demi-tour sur lui-même.
Pourquoi diable m’a-t-il raté ?
Pauvre garçon ! il était blême.
Vers lui je me précipitai.
Ah ! je ne chantais pas victoire ;
Mais je lui demandai pardon,