Page:Nadaud - Pages choisies, 1923, éd. Le Rue.djvu/15

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INTRODUCTION

de remercier Dieu. Le poète prêtant l’oreille de la pensée aux voix de la nuit, sous les étoiles qui marchent, écoute les plaintes qui montent de tous les recoins de l’humanité : plaintes surtout de l’ambition politique et requêtes interminables de l’égoïsme privé ; il les recueille, il les note, puis il conclut : Et pas une action de grâces Ne s’élevait dans les espaces...

... Et dans ma rêverie austère, Détachant mes yeux de la terre, Je les élevai vers les cieux. (Les voix de la nuit).

Rien d’ étonnant à ce que le poète à la sensibilité tendre et au cœur très haut placé associe la prière au sentiment noble de l’amour . Il termine ainsi un entretien avec une personne aimée : ... En m’éloignant, je lui promis Qu’à l’heure coutumière, Je dirais ma prière Et que son nom y serait mis. (A vos amours).

Et dans cette douce élégie dont la musique présente quelque chose de triste et même d’amer et qu’il intitule la Maison blanche, il exalte cette sorte d’amour platonique, idéal, précisément parce qu’il mène à Dieu. L’héroïne de ce poème est morte, et cependant, affirme le poète.

Elle est encor ma jeune fiancée. Sa lèvre a pris l’angélique sourire Et je crois l’entendre me dire En levant un doigt vers le ciel :

Nous irons dimanche A la maison blanche.

Qui ne sentirait que dans un tel cœur, la piété, l’amour à l’égard de notre Dieu si paternel ont été des sentiments tout à fait tendres ? Dieu est un père, et un père qui « ne peut être sévère ». Comme cette vérité est bien exprimée aux enfants, à ces êtres que le poète chérit avec prédilection !

« S’il fait toucher le ciel par les plus petits doigts Il sait ouvrir l’oreille aux plus petites voix. »