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audience de Hidéyoshi et lui présentèrent la lettre du gouverneur des Philippines.

Haségawa et Harada, qui étaient présents, traduisirent à leur façon cette lettre en japonais ; ils firent entendre au prince que le gouverneur doutait bien à la vérité que la lettre qu’il avait reçue de lui fût véritable, mais qu’il n’était pas éloigné cependant de se conformer à tout ce qui y était contenu. Hidéyoshi répondit par une seconde lettre au gouverneur des Philippines. Il lui déclara que la première était bien de lui et que s’il n’y déférait pas, il saurait bien l’y contraindre par la force des armes. Les envoyés reçurent cette lettre sans trop savoir ce qu’elle contenait ; mais avant de prendre congé du dictateur, ils l’informèrent que les Portugais étaient les maîtres de Nagasaki, qu’eux seuls profitaient du commerce, qu’ils y exerçaient de grandes violences et que malgré ses édits, ils protégeaient les Pères de la Compagnie qui étaient tous demeurés au Japon. Ils ajoutèrent que c’étaient ces religieux qui persuadaient aux Portugais de refuser aux Castillans de les admettre à trafiquer avec les Japonais, ce qui privait le Japon d’un très grand avantage. Enfin, ils n’oublièrent rien pour aigrir Hidéyoshi contre ces missionnaires, dans l’espérance que, s’ils étaient une fois chassés du Japon, rien n’empêcherait plus les Espagnols des Philippines d’établir un commerce réglé avec ces îles. Hidéyoshi prit feu à ce discours et sur le champ nomma un gouverneur à Nagasaki à qui il ordonna de renverser l’Église et la maison des Jésuites et