Page:Nagaoka - Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles, 1905.djvu/43

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pris vingt-six, si bien que luy s’estait eschappé avec les deux vaisseaux qui lui restaient seulement, dans lesquels la plupart de ses gens estaient blessez, tellement qu’il fût contraint de s’arrester là vingt jours, afin de les y faire panser.

« Or la nécessité présente nous contraignant de nous ranger de quelque costé que ce fût, nous fusmes contraints de prendre party avec luy, et de nous laisser mener où il voudrait, jusqu’à ce qu’il plût à Dieu nous mettre en un navire plus asseuré pour nous en aller à Malaca. Ces vingt jours estant passez, pendant lesquels les blessez furent guéris, sans que durant ce temps-là il y eust entre nous aucune sorte de réconciliation du discord passé. Ainsi en mauvaise intelligence que nous estions, nous nous embarquasmes avec ce corsaire, à sçavoir trois dans le junco où il estait et cinq dans l’autre dont il avait fait capitaine un sien neveu. Estant partis de ce lieu en intention d’aller surgir à un port appelé Lailoo, à sept lieues de Chincheo et à quatre-vingts de cette isle, nous continuasmes notre route avec bon vent le long de la coste de Lamau par l’espace de neuf jours, jusques à ce qu’un matin s’estant presque tourné en nord-ouest, sud-est, comme nous fusmes près de la rivière du sel, qui est à cinq lieues de Chabaquée, le malheur voulut pour nous que nous fusmes attaquez par un Corsaire, qui avec sept juncos fort grands se mist à nous combattre depuis les six heures du matin jusques à dix, en laquelle meslée nous fusmes traitez à grands coups de traicts,