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les conquêtes du commandant belormeau

Soudain, ses prunelles d’or s’arrêtèrent comme fascinées devant le colback du commandant posé sur la table. Le plumet écarlate qui le surmontait devint le but inavoué de ses convoitises. Peut-être, lui représentait-il quelque oiseau merveilleux, quelque joujou d’autant plus séduisant qu’il se balançait d’ordinaire à des hauteurs inaccessibles ?

Toujours est-il que Vicomte monta sur la table et qu’il effleura, de sa patte, timidement d’abord, le plumet brillant. Puis, peu à peu, gagné par le plaisir du jeu, l’animal s’énerva ; les coups de patte se firent plus pressés et surtout plus meurtriers.

Bientôt, le plumet se détacha du colback et les plumes tombèrent du plumet ; ce fut le signal du carnage ! Vicomte sauta sur le plancher et commença une partie folle, où, au milieu de bonds et de cabrioles le pauvre plumet fut bientôt réduit, à l’état d’un mince bâtonnet enduit de colle.

Le chat, essoufflé, se réinstalla, alors, dans le fauteuil, regardant, avec intérêt, les plumes qu’il avait éparpillées, se soulever et tournoyer comme de frêles choses vivantes, sous le souffle du vent qui passait sous les portes. Puis il s’endormit.

Le commandant, au contraire, s’étant éveillé procéda à sa toilette ; lorsque Quellec, qui l’assistait, prit son colback pour le lui passer, il jeta un cri d’alarme.

— Mon commandant, votre plumet ?…

— Mon plumet ? Il était là, hier au soir ; tu ne l’as pas retiré ?

— Pourquoi faire, mon commandant ?

Hélas ! les yeux perçants de Quellec eurent vite fait de découvrir ce qui restait du pimpant ornement.

Remonter au coupable, n’était pas difficile.

L’ordonnance était consterné et le commandant furieux ; car l’attentat avait de désastreuses conséquences : la revue devait avoir lieu le lendemain.