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les conquêtes du commandant belormeau

— Il faut que vous m’aidiez à réconcilier Valentine et Philippe.

— Si cela ne dépendait que de lui, ce ne serait pas difficile ; il l’aime toujours ; mais, elle ?

— Elle est, je le crois, toute disposée à l’aimer.

— Je ne l’aurais pas cru, mais puisque vous le dites, ô ma sagesse… Minna, tendez votre tablier, ces violettes n’ont pas de queue ou elle est si frêle que je ne puis la saisir.

— Comment prétendez-vous, homme maladroit, que je les mette en bouquet ?

— Vous en ferez de la tisane ou vous les confirez dans du sucre ; je les préfère ainsi accommodées.

— Revenons à la grave affaire qui m’occupe ; si facile que vous apparaisse la tâche, il vaudrait mieux, je crois, en parler d’abord à grand-père.

Une ombre descendit sur le front de Pierre.

— Minna, je ne vous avais pas dit que j’avais eu une entrevue avec grand-père Frantz… Je n’aurais jamais cru qu’il pût être aussi sévère…

— Je ne suis pas fâchée d’apprendre qu’il l’a été pour moi ; j’ai conscience de ma faiblesse.

— Voyons, chérie, est-ce que vous sauriez être sévère ? Ça ne vous va pas du tout.

Puis soudain, avec une gravité inaccoutumée, Pierre continua :

— On dit, Minna, qu’à quelque chose malheur est bon… c’est vrai, parfois. Mon amour, pour vous, sort de cette épreuve, plus profond et plus fort. Avant, je vous aimais bien, certes, mais comme l’enfant charmante, la compagne amusante qui m’avait été chère, toujours. Maintenant, ce que j’aime, en vous, Minna, c’est la femme ; la femme qui sait souffrir, aimer et pardonner ; la femme fidèle, la compagne forte et sûre qui, s’il plaît à Dieu, me soutiendra jusqu’au tombeau. J’apprécie mon bonheur ; je ne le connaissais pas suffisamment.