davantage. Rendez-moi ma patte, ma main, veux-je dire.
— Jamais de la vie ! Je la tiens et pour toujours !
— Quand donc, monsieur Artevelle, vous ai-je dit qu’il en serait ainsi ?
— Jamais, Minna ! Mais c’est bien inutile, car c’est décidé depuis notre enfance.
Pensez donc, quand vous étiez petite, déjà turbulente et indocile…
— De mieux en mieux.
— Il vous arrivait fréquemment de prendre, l’un dans l’autre, vos deux pieds minuscules et de vous abattre sur le nez.
— Que voici donc de poétiques souvenirs !
— Oui, Minna ; sur ce nez qui est demeuré un peu court…
— Ne vous gênez pas, critiquez mon pauvre visage.
— Un peu court, mais si joli et, déjà, dans ces temps reculés…
— Je suis sans doute sexagénaire, fit-elle, avec résignation.
— Grand-père Frantz qui est l’autorité de la famille, me disait : « Pierre, ramasse ta femme. »
— Et c’est au nom de mes culbutes et de vos sauvetages que vous prétendez m’imposer votre alliance ?
— Oui, Minna, j’affirme que le passé a établi, entre nous, des liens solides et sacrés.
— Il me reste, monsieur, à vous affirmer, à mon tour, qu’on n’épouse pas Minna Stenneverck contre son gré.
— J’attends, avec sérénité, le jour où Minna Stenneverck me démontrera qu’elle me déteste.
— N’exagérez rien, je ne vous déteste pas.
— Pas même ?…
— Pas même… mais, enfin, cela ne suffit pas.
— Cela me suffira, Minette ; maintenant, montrez-moi ce chapeau de Paris.