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les conquêtes du commandant belormeau


II


Grand-père Frantz fumait sa pipe, au coin d’un bon feu de houille que la brume froide de novembre rendait agréable à ses membres raidis.

La salle à manger où se tenait habituellement la famille du filateur était vaste et confortable.

La haute cheminée de bois sculpté, les bahuts qu’on devinait emplis d’argenterie, de porcelaine et de nappes de toile fine, la lampe de fer forgé qui descendait du plafond à poutrelles, les sièges vastes, tendus de cuir, tous les meubles parlaient de solide aisance.

Mme  Michel, en robe d’alpaga gris à corsage plat, se tenait devant la table longue où s’accumulaient les pièces de la lessive ; draps, nappes et serviettes étaient d’une blancheur éclatante et tout imprégnés encore de la fraîcheur du dehors.

Mme  Michel, le front soucieux, étirait, d’un geste machinal, un ourlet, toujours le même, tandis que grand-père Frantz la regardait d’un œil malin, en tapotant le fond de sa pipe dans le creux de sa main ridée.

Tout à coup, Mme  Michel, comme animée d’une résolution subite, se leva et ouvrit la porte qui donnait accès dans la cuisine.

— Nanniche ! appela-t-elle, d’un ton volontairement contenu.

Nul ne répondit.