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les conquêtes du commandant belormeau

Au cours de leurs évolutions, ils finirent par accrocher la corbeille à ouvrage qui roula à terre, avec son contenu. Pelotes et bobines, épingles, aiguilles et boutons se dispersèrent aux quatre coins de la salle.

Aussitôt, MM. Stenneverck, tombant, avec ensemble, sur les mains et sur les genoux, se mirent en devoir de réparer le dommage.

Cela donna lieu à des galopades effrénées, à des bousculades où les objets retrouvés se perdaient à nouveau. Lorsque l’infortunée propriétaire rentra en possession de sa corbeille, elle constata la disparition de la moitié de ses aiguilles et de ses boutons ; quant au fil, à la soie, au coton à repriser, qui pourrait les débrouiller jamais ?

— Fuyons ! Valentine, s’écria Minna ; nous ne saurions faire un point près de ces méchants garçons. Montons dans ma chambre, veux-tu ?

Valentine ne demandait pas mieux ; la chambre de sa cousine, avec son papier d’un bleu tendre semé de roses pompon, ses meubles de noyer ciré, ses rideaux de mousseline neigeuse, lui plaisait infiniment ; l’unique fenêtre donnait sur le jardin vieillot, où des ifs et des houx couverts de baies écarlates mettaient, malgré le froid, une note vive et gaie ; deux chaises de tapisserie se faisaient face dans l’embrasure ; c’était le coin aux confidences.

Avec un petit soupir de satisfaction, les jeunes filles s’installèrent et Valentine tira, de son réticule, une dentelle au crochet, mais sa cousine la lui enleva prestement des mains.

— Tu n’aurais pas le front, s’écria-t-elle, de faire ici de la dentelle, tandis que je suis submergée par mon raccommodage ! Prends ces chaussettes, ma belle.

Valentine considéra, avec effroi, les vastes trous qui s’ouvraient aux talons des dites chaussettes.