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les conquêtes du commandant belormeau

Le commandant, n’étant pas habitué à l’indifférence, s’y résignait mal.

Par un beau jour d’hiver, comme il quittait la maison du brasseur, assez fâché de n’y avoir rencontré que Mme François, Belormeau trouva au bout de la rue, Minna qui rentrait.

— Oh ! s’écria-t-il, en donnant tous les signes du plus vif désappointement, je n’ai point de chance ! Mademoiselle Minna vous voici et je pars ! Si j’avais su j’aurais prolongé ma visite de quelques instants.

La jeune fille ne répondit que par un sourire et n’offrit point de revenir sur ses pas.

— Je ne vous vois plus, dit l’officier.

— Je suis souvent occupée ; maman a besoin d’être aidée.

— Je crois bien plutôt que vous me fuyez !…

Minna ouvrit de grands yeux étonnés.

— Et pourquoi vous fuirais-je ? commandant.

Il parut un peu embarrassé.

— Je veux dire que vous ne semblez pas partager mon désir de vous entretenir…

— Nous nous sommes entretenus bien souvent, déjà.

— Mais pas intimement, nous ne sommes jamais seuls.

— Je ne comprends pas très bien, commandant.

— Vous y mettez de la mauvaise volonté. Ne pourrions-nous nous rencontrer quelquefois ?

— Je suppose que si, puisque j’habite la maison de mes parents et que vous la fréquentez.

— Je veux dire : nous rencontrer ailleurs ?…

— Décidément, je ne comprends pas du tout. Je suis pressée, commandant, souffrez que nous en restions là…

Elle fit un petit salut très sec et s’éloigna d’un pas rapide.

Lui demeura, à la même place, très déconfit, n’ayant pas cru l’offenser à ce point.