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LES CONQUÊTES DU
COMMANDANT BELORMEAU



I


En ce mois d’octobre 1832, l’air déjà était âpre et froid dans le pays flamand.

Le premier coup de la messe tintait au clocher carré de l’église et la place, plantée de tilleuls, encadrée de bancs de pierre décrépits et moussus, prenait, à cette heure, un air d’animation inaccoutumée.

Les gens de la campagne plate et fertile, venus de loin et pourtant arrivés les premiers, causaient et s’attardaient aux boutiques du savetier et de l’épicier ; il y avait toujours quelque fermière ayant un pressant besoin de sucre ou de chandelle, ou quelque mère de famille bien pourvue de marmots et de souliers à rapiécer pour occuper l’un et l’autre. Les hommes, en causant, se rassemblaient devant l’auberge où l’on viendrait, après la prière de M.  le Curé, boire quelques pintes de bière brune.

Les enfants de la petite ville, engoncés dans leurs habits de fête, jouaient aux billes, parmi les feuilles sèches que le vent piquant, avec un léger friselis, amassait en petits tas.

C’était l’heure où les maisons bourgeoises ouvraient leurs portes à vantaux, leurs portes de chêne solides, enjolivées de ferrures, pour laisser passer leurs habi-