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les conquêtes du commandant belormeau

premier et intime confident, un malaise inexpliqué l’en éloignait.

Il lui semblait qu’il représentait la cause de Philippe, comme étant celle du devoir et qu’il lui demanderait, si elle remettait son âme entre ses mains, le sacrifice du sentiment passionné qui l’avait subitement envahie.

La jeune fille ne se sentait pas prête à l’accomplir.

L’entourage de Valentine ne semblait rien deviner de ce qui l’agitait.

Ses parents, par une aberration qui se retrouve chez beaucoup d’autres, ne faisaient pas de rapprochement entre l’homme mûr, de condition si différente de la leur, qu’était l’officier d’artillerie et la toute jeune fille qu’ils continuaient à considérer comme une enfant.

Grand-père Frantz, en dépit de sa perspicacité, agissait de même. Il eut dressé l’oreille à un propos équivoque ; il se fut alarmé d’assiduités trop grandes ; le siège silencieux que le commandant entreprenait autour du cœur de Valentine échappa à ses vieux yeux.

Il n’y avait que deux êtres qui eussent saisi, au vol, dès le début les espoirs de l’officier :

Philippe qui, très fier et doutant de lui-même, s’effaçait devant le rival sans essayer de le combattre et Nanniche qui, femme et femme jalouse, avait flairé le roman avant même que le premier chapitre ne fût écrit.

Si le fiancé, timide et attristé, se retirait sous sa tente, Nanniche ne l’imitait point.

Elle multipliait les entrées dans la salle ; venait, avec un louable empressement, demander des ordres ou faire, à ses maîtresses, les communications les plus inattendues.

Le commandant ne semblait pas la voir et Valentine, certes, ne la voyait point.