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les conquêtes du commandant belormeau

— Ah ! je ne sais comment je m’en tirerai, soupira Mme  Michel !

Elle sortit et se rendit chez sa fille. Bien entendu, celle-ci n’avait pas dormi ; elle avait les traits tirés et les yeux meurtris.

— Tu vas être malade, répétait la mère.

— Non, maman, ne vous inquiétez pas.

Valentine fit une diligence inaccoutumée pour être prête pour la messe basse ; elle était infiniment soulagée de n’avoir pas à se trouver en présence de Philippe.

Avant de s’éloigner, Michel Stenneverck monta chez son père, afin de le mettre au courant de ce qui s’était passé.

L’aïeul en fut tout bouleversé.

— Comment, s’écria-t-il, eux aussi ? Après Pierre, Valentine ? Mais ces jeunes gens sont fous ! Quel vent les pousse ? Quelle mouche les pique ? Ah ! de mon temps, les choses se passaient autrement ! On s’aimait bravement, sans faire tant de grimaces, mais c’était solide au moins. Encore, ta Valentine a toujours cherché le merle blanc, mais ma petite Minna si raisonnable ! Nous voici, les uns et les autres, dans un joli pétrin.

Michel ayant quitté son père, se hâta d’aller se réfugier dans les ateliers vides de la filature. Sa femme demeura seule, le cœur battant, l’oreille au guet derrière son rideau baissé.

À travers les réseaux de la guipure, elle vit arriver Philippe Artevelle ; il mit pied à terre dans la cour encombrée de neige et leva, sur la maison, un regard tellement radieux qu’elle en eut le cœur serré.

Mme  Michel alla au devant du jeune homme, dans le couloir et se répandit en exclamations sur le mauvais temps, ne sachant trop ce qu’elle disait.

Philippe perçut aussitôt la fausse note. En passant devant la salle à manger dont la porte se trou-