Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
les conquêtes du commandant belormeau

la ruelle. Hantée par la peur d’être reconnue, elle rougissait pourtant de paraître se cacher. Elle désirait la solitude et, d’avance, s’en épouvantait. 

Déjà les nuages pourprés pâlissaient ; la dernière lueur allait disparaître, Valentine ramena autour d’elle les plis de sa cape et se dirigea vers le chemin qui conduisait au pavillon de Mlle de Batanville.

Il était bordé de jardins ; des arbres se pendraient au-dessus des murailles et quoique leurs branches fussent dépouillées, elles contribuaient à épaissir l’ombre envahissante.

Personne aux alentours. Des oiseaux pépiaient, cherchant leur gîte. La jeune fille se réfugia dans la ligne obscurcie des frondaisons et s’arrêta. Il était inutile qu’elle allât plus loin ; le commandant, à moins d’imprévu, ne tarderait pas à passer.

Le cœur de Valentine battait violemment. En cet instant, elle n’eût pas su dire ce qu’elle souhaitait le plus ; qu’il parût tout à coup ou bien qu’il ne se montrât point.

Un pas résonna sur la terre dure et fit tressaillir Mlle Stenneverck ; mais c’était un pas pesant qui n’avait rien de commun avec l’allure souple et dégagée de l’officier d’artillerie.

Elle se pressa contre la muraille, comme si elle eût espéré s’y dissimuler.

Le passant était quelque ouvrier filateur qui revenait de la fabrique ; il eut un regard curieux pour la femme qui, de toute évidence, cherchait à n’être point reconnue et il s’éloigna.

Un autre le suivit qui lui cria :

— Bonjour, petite !

Un malaise grandissant envahit Valentine.

Est-ce que ces hommes devinaient, rien qu’à son aspect, la nature de sa préoccupation ?

Avec promptitude, la nuit descendait ; deux ombres