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a travers le grönland.

chantait, tantôt il me racontait de longues histoires à propos des localités devant lesquelles nous passions et dont je ne comprenais pas grand chose. Puis il s’interrompait pour saisir son fusil à la vue d’une troupe d’eiders, et lorsqu’il avait lâché son coup de feu, le plus souvent sans résultat, vite il ramait vers terre pour aller vider son kayak, qui, dans ses mouvements désordonnés, avait été à moitié rempli d’eau.

La nuit est venue. Dans le ciel illuminé d’étoiles se dressent, sur la rive orientale du fjord, la Selle et une chaîne d’autres pics grandioses ; partout un grand silence, on n’entend que le battement amorti des pagaies sur la surface de l’eau.


la selle au nord du godthaab. (d’après une photographie de m. c. ryberg.)

Au delà d’un cap nous apercevons une lumière, et bientôt nous voici arrivés. Le docteur nous a devancés. Un vieux catéchiste, Johan Ludvig, m’offre une bonne et franche hospitalité. Ce brave homme me raconte avec orgueil que son grand-père était un Norvégien réputé dans tout le pays par sa force. Lui aussi a été dans sa jeunesse un habile harponneur, mais aujourd’hui, vieux et débile, il ne se risque plus en kayak. Mon hôte a plus de soixante-dix ans. Il a eu plusieurs fils qui ont été également d’adroits chasseurs ; deux se