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historique des expéditions.

Une seule fois ils réussirent à arriver en vue de terre. Pendant cette campagne, ils avaient à leur disposition deux navires. Le 17 et le 18 mai, en s’engageant dans une large baie de la banquise, ils réussirent à approcher à 24 ou 28 milles de la côte, au nord du cap Dan[1].

La dernière tentative eut lieu du 11 au 29 septembre. D’après les renseignements que nous possédons sur la marche des glaces au sud du cap Dan, il paraît extraordinaire qu’Egede n’ait pu débarquera cette époque. Il se trouvait, il est vrai, au nord et à l’est de ce promontoire, de plus le temps était gros et brumeux.

En 1855, le 28 et le 29 juillet, le lieutenant de vaisseau français Jules de Blosseville aperçut la côte orientale entre le 68e} et le 69e degré, mais ne put y débarquer, toujours à cause des glaces. Il alla ensuite en Islande réparer des avaries, puis en repartit le 5 août pour le Grönland. Au cours de cette nouvelle tentative, le navire se perdit corps et biens[2].

En 1859, le colonel américain Schaffner vint au Grönland avec le trois-mâts barque Wyman, reconnaître si un câble reliant l’Amérique à l’Europe pourrait y atterrir. Partant de Julianehaab le 10 octobre, il doubla le cap Farvel et remonta la côte orientale jusqu’à la hauteur du fjord Lindenov (60° 25’de latitude nord). Nulle part il ne rencontra de glaces, comme cela arrive à cette époque avancée de l’année, mais une tempête du nord-est l’empêcha de débarquer et l’obligea à prendre le large.

  1. La relation d’Egede renferme une remarque intéressante sur la force du courant dans ces parages : « Les deux journées précédentes, le courant se mouvait dans la direction du nord ; chaque fois, en effet, pendant ces deux jours, nous trouvâmes, en faisant le point, le navire à 7 milles 1/2 plus au nord que ne l’indiquait le livre de loch. Je crois que le golfe de la banquise, dans lequel je me suis engagé pour approcher de terre, a été formé par ce courant. » En 1879, à peu près au même endroit, l’Ingolf trouva une baie dans la banquise, et le 11 juin nous-mêmes en rencontrâmes une à peu près à la même place. En 1882, j’eus l’occasion d’observer un régime des courants très curieux entre le 66° 40’et le 66° 50’, c’est-à-dire bien au nord du point où se trouvait Egede. Bloqué le 25 juin, le navire sur lequel je me trouvais dériva le long de la côte jusqu’au 9 juillet, à l’ouest et un peu au nord, à raison de 2 milles par vingt-quatre heures, plus tard nous dérivâmes dans une direction méridionale. Le régime des courants le long de la côte orientale du Grönland me paraît très variable.
  2. M’occupant ici seulement de la partie méridionale de la côte orientale, je ne parlerai pas des expéditions qui ont exploré la région nord de ce littoral, telles que celles de Scoresby, Sabine et Clavering, etc.