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À TRAVERS LE GRÖNLAND

que j’étais un homme terriblement exigeant, puis il continue ainsi sa relation :

« Le 14 avril, Ravna et moi parlons de Throndhjem et le 16 arrivons à Kristiania. Nansen avait envoyé un homme au-devant de nous à la gare ; c’était Sverdrup. Lorsque nous descendîmes de wagon, il s’avança vers nous et nous demanda : « Êtes-vous les deux Lapons qui doivent partir avec Nansen ? » Sur notre réponse affirmative, Sverdrup ajouta qu’il faisait également partie de l’expédition et que Nansen l’avait envoyé au-devant de nous. « Suivez-moi », dit-il ensuite, et il nous conduisit dans un hôtel situé dans la Tolbodgade, au numéro 30.

« Peu de temps après notre arrivée, Nansen et Dietrichson vinrent nous voir. Nous fûmes très heureux de faire connaissance avec notre chef. La physionomie de Nansen était souriante comme l’aurait été celle des parents que nous avions laissés au pays, il avait une aussi bonne figure qu’eux et il nous adressa un bonjour cordial comme ils l’auraient fait. Tous les gens de la ville furent très bons pour nous ; à partir de ce moment notre sort nous parut meilleur. »

Voici maintenant quelques renseignements biographiques sur mes camarades de voyage. À chaque page je parlerai d’eux, il est donc nécessaire que je les présente au lecteur. Je commencerai par les Norvégiens et par rang d’âge.

Otto Neumann Sverdrup est né le 51 octobre 1855 au gaard[1] de Haarstad, dans le Bindal (Helgeland), dont son père était propriétaire. Accoutumé dès le plus jeune âge à courir par tous les temps sur les montagnes et dans les bois, il était habitué à se tirer seul d’affaire. Tout enfant, il avait appris à marcher sur les ski et, dans un pays aussi accidenté que le Bindal, était devenu promptement un excellent patineur. À l’âge de dix ans, il reçut de son père un fusil ; à partir de ce moment, toujours accompagné de son frère, d’un an plus âgé que lui, il allait l’hiver à la chasse sur les ski. Au printemps, il poursuivait le coq de bruyère ; en été et en automne, il ne craignait pas de s’attaquer à l’ours. Ses

  1. Ferme. (Note du traducteur.)