Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/26

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tantôt celui de flotteur, ou encore celui de forgeron, ou bien allait à la pêche, où il se montrait fort habile marin. Son plus grand plaisir était de faire des courses par un gros temps dans un de nos canots du Nordland.

Un tel homme était précieux pour l’expédition. Dans sa vie aventureuse il avait appris à sortir de toutes les difficultés, quel que fût le danger. Toujours il conservait son sang-froid et toujours il donnait à propos un bon conseil.

Olaf Christian Dietrichson est né le 31 mai 1856 à Skogn, près de Levanger, où son père était médecin de district. Il fut élevé à la dure à la campagne. Pour aller à l’école à Levanger, il devait chaque jour faire une course de plus de 5 kilomètres. À partir de 1873, il fréquenta pendant plusieurs années le collège de Throndhjem, puis en 1876 celui de la Maribogade, à Kristiania. Reçu cadet l’année suivante, il entra à la deuxième classe de l’École de guerre. En 1880, après avoir passé l’examen de sortie, Dietrichson fut nommé lieutenant en second à la brigade d’infanterie de Throndhjem ; en 1886, lieutenant en premier, et quatre ans plus tard capitaine. Pendant les hivers de 1882, 1883 et 1884, il suivit les cours de l’École centrale de gymnastique à Kristiania, et en 1887 fut nommé professeur adjoint à cet établissement.

Dietrichson a toujours aimé les exercices corporels, et s’est efforcé de développer sa robuste constitution par un entraînement constant. Plus tard il entreprit chaque année de longs voyages sur les ski à travers différentes parties de la Norvège. De Skien à Throndhjem il a parcouru en patinant presque toutes les vallées. Peu de Norvégiens ont autant que lui visité notre pays l’hiver. Les connaissances acquises par Dietrichson à l’École militaire devaient nous être très utiles. Il se chargea des observations météorologiques et des levers topographiques. Ces divers travaux, il les exécuta toujours avec un zèle auquel on ne saurait trop rendre hommage ; ceux-là seuls qui ont dû faire des observations météorologiques par des froids de -30 degrés pourront apprécier le dévouement de notre camarade. Souvent les doigts engourdis par le froid pouvaient à peine tenir un crayon ; nonobstant, le journal météorologique ne renferme pas une lacune. Pour une telle tâche, il fallait une énergie peu commune.