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a travers le grönland.

pied de réserve pour le théodolite, et des éclisses que nous avions emportées pour le cas où quelqu’un de nous aurait eu le malheur de se casser un membre. Ayant traversé sans accident la région crevassée, nous nous en servîmes comme combustible, conservant toutefois quelques-uns de ces appareils en cas d’accident aux approches de la côte occidentale.


la vierge et les nanataks kun, kjerulf, tenry et whymper. 22 août. (dessin de f. nansen.)

Le soleil disparu, la température devient très froide et le traînage très difficile ; nous prenons alors le parti de camper. Ce jour-là l’étape ne fut guère plus de 11 kilomètres. Lorsque nous faisons halte, il y a seulement quelques heures que nous avons dîné ; aussi le souper se compose-t-il simplement de quelques biscuits. Nous les mangeons avec de la neige imprégnée de citronnade, cela fait une véritable granita, un dessert de gourmet, je vous assure. Cette glace est excellente avec de la neige très fine, nouvellement tombée, nous la savourons à petites bouchées pour faire durer le plaisir, assis devant la lente, et regardant la plaine blanche éclairée par la lune. Nos pensées s’envolent vers le pays où nous avons mangé de la granita pour la dernière fois. La lune luisait comme aujourd’hui, mais c’était sur la baie de Naples et non sur l’immensité froide de l’inlandsis.

La 25 août, la pente est toujours rapide et le traînage encore plus pénible, avec une couche de neige pulvérulente, épaisse de 6 à 8 pouces, et le vent se lève droit debout. Chaque jour la préparation du dîner nous faisait perdre beaucoup de temps dans l’après-midi ; pour y