Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/375

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Dès notre arrivée à Godthaab, Balto avait manifesté le désir de monter un kayak. Les résidents danois, qui, eux, n’avaient jamais osé tenter l’aventure, lui représentèrent les difficultés de l’entreprise et lui énumérèrent tous les accidents arrivés avec ces embarcations. Une fois que Sverdrup et moi fûmes devenus d’assez bons kayakmen, la tentation devint trop forte pour lui. Nous essayâmes de lui faire comprendre les dangers de cette navigation, mais le bonhomme ne voulut pas démordre de son idée : n’avait-il pas l’habitude de courir l’hiver dans les étroits traîneaux lapons ? Sverdrup essaya de lui montrer que les deux exercices ne se ressemblent guère, mais ce fut peine perdue. Un kayak fut apporté, et Balto s’y glissa avec un air d’assurance hautaine. Mais, aussitôt l’embarcation à l’eau, sa mine changea ; le bonhomme donne quelques coups de rame, et patatras le kayak se retourne la quille en l’air. Heureusement l’eau était peu profonde et Balto en fut quitte pour un bain froid ; de longtemps il ne recommença pas l’expérience.


les membres de l’expédition en kayaks dans le port de godthaab.
(d’après une photographie de m. c. ryberg.

Dietrichson se fit également construire un kayak et devint bientôt un fort habile kayakman. Témoins de nos succès, Kristiansen et Balto ne voulurent pas rester en arrière, et eux aussi voulurent avoir