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à travers le grönland.

tions. Je fréquentais surtout l’habitation de Terkel, qui était la plus grande de Sardlok. Hier soir, je fus chez lui témoin d’un curieux spectacle. Son petit garçon âgé d’un an dansait le mardluk[1] avec la fille de Terkel âgée de trois ans. Le petit couple se trémoussait en chemise, étroitement enlacé, en sautillant tantôt sur une jambe, tantôt sur une autre, et exécutait tous les mouvements avec un sérieux véritablement comique.


tobias, chasseur de kangen. (d’après une photographie de m. c. ryberg.)

Le 14 février, après avoir passé un mois à Sardlok, je retournai à Godthaab. Je fis la route en compagnie de Joël et d’Iloseas. Nos kayaks étaient chargés de flétans, de gibier et d’autres victuailles. En route nous fûmes assaillis par une tempête d’ouest ; tant que nous marchâmes le long de terre, nous pûmes avancer sans trop de difficultés, mais lorsque nous dûmes traverser le fjord pour atteindre Godthaab, la situation devint plus mauvaise. La mer était très grosse et nous dûmes faire des routes séparées. En même temps survint une tourmente de neige, qui nous déroba toute vue. Joël et

  1. Mardluk, dans son sens propre, signifie en eskimo un couple. Cette danse est ordinairement exécutée par deux hommes.