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PRÉFACE
DU TRADUCTEUR




L’expédition de M. Nansen au Grönland est une des explorations les plus hardies, les plus fécondes en résultats, entreprises depuis longtemps dans les régions arctiques. Pour la première fois, l’immense glacier qui recouvre d’une nappe continue le Grönland, glacier dont la superficie serait égale à deux fois et demie celle de la France, si les calculs des géographes sont exacts, a été traversé par une caravane au prix de souffrances et de privations héroïquement supportées. Les tempêtes de neige soufflent furieuses, la température s’abaisse à 40° au-dessous de zéro, contre ces intempéries les explorateurs n’ont que le frêle abri d’une mince tente en toile ; n’importe, jamais chez eux un moment d’hésitation ou de désespérance. Ils ont résolu de traverser le Grönland, et ils poursuivent leur route avec la foi dans le succès qui assure la victoire. Enfin, après trente-neuf jours passés dans ce désert glacé, les hardis voyageurs atteignent la côte occidentale, but de leurs efforts.

Ce tour de force d’endurance n’est point resté sans profit pour la science. Quelque intense qu’ait été le froid, un des membres de la caravane, le capitaine Dietrichson, a toujours relevé l’itinéraire suivi, déterminé l’altitude de la région parcourue, et exécuté avec un soin méticuleux les observations météorolo-