montagnes et de forêts, remporter une victoire décisive avec l’armée et les moyens matériels dont il disposait. Si l’on envisage les choses de cette manière, ce ne serait pas l’homme d’État Charles-Jean, mais le général Bernadotte qui aurait entamé des négociations après une campagne de quinze jours.
Il importerait peu, à l’heure actuelle, de savoir laquelle de ces deux opinions est conforme à la réalité, si la Suède, pour excuser sa conduite ultérieure, blessante pour la Norvège, n’avait souvent allégué qu’en 1814, si elle avait renoncé à conquérir sa voisine, c’était un effet de la générosité de Charles-Jean et de son peuple[1].
- ↑ Un livre d’un grand intérêt à ce point de vue est la
collection récemment publiée des lettres de la reine de
Suède, femme de Charles xiii, Hedwig-Elisabeth-Charlotte
de Holstein-Gottorp (voir « Sverige och Norge 1814 » Stockholm
1896, par le baron Carl Corllson Bonde). Le 28 août
1814, une quinzaine après la convention de Moss, elle écrit
a la princesse Sophie-Albertine, sœur de Charles xiii
voir Bonde, l. c., p. 128, note i). « C’est un bonheur pour
la Suède que le courage fasse défaut au roi de Norvège
Christian-Frédéric, qui aurait pu sans cela faire beaucoup
de mal a la Suède, car on ne doit pas se faire d’illusions
et le prince royal (Charles Jean) ne cherche pas à cacher
qu’il lui eût été absolument impossible de rien gagner sur les Norvégiens contre leur volonté ; il serait en effet impossible
de pénétrer chez eux entre leurs hautes montagnes et
leurs défilés inexpugnables, s’ils avaient seulement un
bon chef et la volonté de se défendre. Peut-être réussirait-on
a les refouler sur Christiania, mais aucune armée ne
serait à même de les poursuivre plus loin. »
Ces lignes n’ont pas été écrites par sympathie pour les Norvégiens, que la reine de Suède qualifie de « rebelles et de contempteurs de traités », mais elles ont été très pro-