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LA DESCENTE DES BILLOTS

mille, tombe par sauts furibonds jusqu’à la plaine.

L’eau taille des collines blanches, poussées vers l’antre de verdure qui les invite. Ici la lutte, les prises. Là-bas, le repos, le calme.

En amont, à perte de vue, sur la rivière grossie, la forêt coupée attend. Un mur, sept gros pins attachés aux rives par des cables de fer, et retenus ensemble avec des chaînes, barre le passage, à deux arpents du rapide. La masse brunie des coupes, avec ses milliers d’arbres sans écorce, frissonne, murmure, et se tord en vain, à l’appel du flot royal.

Des oiseaux sautent de bûche en bûche, piquant de-ci, de-là, une mouche, un ver. Un écureuil boit dans une éclaircie. Sa langue, pollen rose, brille vite, vite.

Quarante hommes sont échelonnés tout le long de la rivière. À huit milles plus bas, l’équipe Desrosiers, au lac Albert, est à son poste. Les flotteurs de Boischer et de L’Épicier attendent aussi l’inondation verte pour lancer leur bois dans le tributaire principal, la rivière du Poste.

C’est le moment. Ferdinand Boisvert, sur la rive opposée, une hache à la main, se place à côté d’une souche géante, autour de laquelle se roule le cable d’attache. Un cri.

— Envoye en bas !…