yeux, infimes boutons jaunes, suivent un lièvre rongeant des fleurs de trèfle, entre les poutres du vieux pont.
Deux perdrix se caressent dans les sapins, poussés droits, près du lac, où sont attachés les canots.
Dans la baie, les truites sautent. Elles décrivent une courbe mauve, sous les rayons du midi. Je quitte mon travail. Il faut que j’aille causer avec mon ami le forgeron.
Almanzar L’Épicier active un feu de forge, avec un soufflet en cuir d’orignal. Ses bras nus, noirs d’un poil de fauve, sont durs comme l’acier qu’il travaille. Le contremaître Arthur Deslauriers lui a commandé 200 gaffes neuves pour les équipes de flottage du bois. Ces dernières partent de Saint-Michel-des-Saints, dans deux jours, afin de commencer les opérations du printemps.
J’entre dans la « boutique ». Le marteau écrase des étoiles. La sueur inonde le front du bonhomme et les minces crochets de fer tombent, un à un, dans une cuve pour y chanter l’agonie du feu. La forge s’emplit d’une vapeur de rouille. Le forgeron s’essuie du revers de la main en laissant sur son front des coulées de suie. Ensuite, il mord dans une torquette de tabac, toujours prête, sur son établi. Almanzar chique