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UN FEU DE FORÊT

Boisvert, arrivé hier, avec Dulac, pour « marcher le bois » en vue des entreprises d’automne.

La fumée devient plus dense. Les chevaux sont libérés. Toutes les portes sont ouvertes. Nous avons même brisé la palissade du parc à cochons, afin qu’ils puissent fuir.

Une trombe rouge coupe la nuit en deux, monte, approche. Des flammèches commencent à pleuvoir. La chaleur devient accablante.

Almanzar L’Épicier, sévère, les yeux mauvais, entre dans le bureau.

— Commis, on a décidé, Boisvert, moé et Dulac, d’rester icite… Vous l’savez, la Cache se trouve dans une baissière. Le feu y va peut-être ben sauter par dessus. En tout cas, vous, Laurence et le cook, j’vous ordonne de prendre un canot. Vous avez l’temps de paletter jusque sus Valade. Là, j’cré qu’y aura pas de danger…

— Et si je refuse ?…

— Vous r’fuserez pas… C’est moé qui commande, à c’t’heure… Et pis… r’gardez ?…

Il ouvre la porte. Les premières flammes des montagnes lèchent le ciel, à deux milles à peine.

— Et Cailleron, et Chantecler, et les lapins ?

— Au yable les lapins… Faites-vous pas