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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/133

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UN FEU DE FORÊT

au retour, et des ruines fumantes sur tous mes trésors ?…

À trois heures du matin, nous repartons. L’aube inconséquente poudre ses plus belles poussières. La moitié de la forêt a disparu. Toute la région, à gauche du grand lac Clair, lève vers l’azur des bras de suppliciée. Les arbres sont morts, droits, sanglants…

Oh ! la joie de revoir mon paradis intact, au détour de la pointe, en face de la digue. L’Épicier a eu raison. La vitesse des flammes a été si grande que l’incendie passa dément au-dessus du Dépôt.

Mais la vue des trois valeureux bûcherons nous tire des pleurs. Ils ont les sourcils brûlés. Et leurs yeux rouges, enflés, voient à peine. L’Épicier s’approche en riant, plus noir que jamais.

— J’vous l’disais ben… Mais, vlimeux, qu’on n’a arraché… Ça nous a pris 200 siaux d’eau… Le feu a commencé à 35 places, sus l’grand hangar, sus ma boutique, partout… J’vous dis que Boisvert en a s’mé, des Tabarnac…

Je félicite ce dernier. Il me regarde comme si rien n’avait été.

— C’est rien que de l’ouvrage comme ane autre, ça… J’ai déjà vu pire… quand j’ai passé sous les billots, y a 12 ans, aux Chutes des Cinq, dans la rivière Mattawin… Y en avait ben un