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IV

LE COMPTAGE


Un bruit de roches tombant dans l’eau m’éveille. Il est quatre heures. Paul Charette, assis sur le grabat en perches, essaie d’enfiler son caleçon. Il ne fait plus nuit, et pas encore jour.

— Battefeu ! J’ai la berlue. C’est ma chemise que j’veux culotter.

Nous rions tous deux. Les roches continuent à pleuvoir. Qui donc ose ainsi éveiller les poissons.

— Flac !… Flic !… Flac !…

Intrigué, j’ouvre la porte. À 100 pas, dans la petite baie, en face des constructions neuves, des truites saumonnées, à la douzaine, et pesant au moins 8 livres chacune, montrent leur derrière aux étoiles reculantes.

Paul Charette réussit enfin à s’habiller. Mais toujours en étirant sa moustache avec le geste éternel du célibataire endurci. Puis il sort dehors, regarder l’aube. Ses mains sur la bouche, en cornet, il crie :