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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/169

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V

LE TESTAMENT DE JOSEPH LAURENCE


L’aurore est blanche. Elle monte de la terre, emplit les fenêtres, le ciel, tout.

Elle vole, caresse, roule, plane. L’horizon ondule, sassant et ressassant la neige neuve. Aucun nuage. Seul, un grand mouvement uniforme, clair, léger, qui colle aux arbres, aux foins, au sable, aux rochers.

Les souches ont des tuques. Un bonnet recouvre les roches, frileuses… Les pignons ouvrent leurs dentelles. Les toitures dorment dans l’hermine. Les sapins sont en sucre. Sur un vieux pin, le ciel a fouetté de la crème. Les bras nus des érables, des bras de femme, ont la chair de poule. Chaque fougère est un éventail. Les saules agitent des nerfs. Les fils du téléphone balancent des macaronis.

Dans un orme, près du jardin épais, deux nids, de neige chargés, fruits d’un mariage de grives, accrochent leurs pailles. Les touffes d’au-