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VI

UNE CHASSE À L’ORIGNAL


L’effort de beauté de la vieille nature a duré deux jours. Un rêve de jeune fille.

Plus de neige. Sa chute avait nettoyé les arbres des dernières feuilles. Son départ les a pressées sur le sol, à jamais. Pesants d’eau, ces riens de l’été enfui s’assimilent aux couches séculaires, amoureusement presque, dans leur ultime destinée : épaissir davantage la richesse des terroirs sacrés.

La boue, les rigoles, les mares, ont bien essayé un rire éphémère. Le soir en a bu les rayonnements. Les nuits froides ont cicatrisé toutes ces plaies. Et les semelles se tordent, en foulant la terre gelée.

Une soirée capricieuse jette son charme sur la forêt. Les étoiles s’ennuient. Elles baillent. Sur un nuage, l’ombre de la lune vole du blanc, puis, par lignes verticales, elle le plaque à toutes les branches. Le givre bouche les trous des