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II

LES VALADE


L’aurore est en maillot rose.

Du lac monte, en rouleaux de laine, la brume des matins. Le souffle du sud se plaît à tisser des tapis d’hermine, des rideaux en neige. Un ruban violet entoure les masses laiteuses et les pousse vers le jour, en ondulations capricieuses, afin qu’elles se confondent, bientôt, avec la lumière.

Les hirondelles roulent très haut, guettant le soleil. Des grives, immobiles sur un rosier sauvage, sont deux boules de corail. Sur les feuilles, la rosée a piqué ses miroirs. La couleur rouge des oiseaux s’y reflète et transforme l’arbuste en un candélabre de rubis. Un rat musqué allonge son nez poilu dans le courant. Il va, droit comme une torpille, à sa hutte arrondie, flottant presque sur un îlot de bleuets. Trois brochets dorment entre des cailloux plats, dans six pouces d’eau, et attendent les mouches, les demoiselles